Crelan se trouve un partenaire pour rattraper son retard dans l’IT
Le bancassureur coopératif a choisi Avanade pour procéder à une mise à jour de ses infrastructures IT, qui avaient besoin d’une cure de rajeunissement.
Olivier Carpentier De Changy
Business Group Lead Cloud & Enterprise
En Europe, le secteur des soins de santé fait face à des défis majeurs. La technologie joue un rôle crucial à cet égard. “Pas tant pour économiser de l’argent que pour relever ces défis, car l’hôpital de demain ne se contentera plus de soigner les patients”, note Elena Bonfiglioli, senior managing director Healthcare chez Microsoft.
Plusieurs tendances se dessinent dans le secteur des soins de santé, touchant notamment aux normes élevées en matière d’hygiène, au besoin de sécurisation IT et au souhait du patient d’utiliser des systèmes adaptés d’infotainment. “Ces besoins évoluent constamment”, remarque Elena Bonfiglioli. “Les hôpitaux mettent tout en œuvre pour rendre le séjour du patient le plus agréable possible.”
Panorama d’un secteur en mouvement, du traitement des patients aux technologies modernes comme l’impression 3D et la robotique, en passant par le développement de nouvelles réglementations.
Lorsqu’on évoque les soins de santé dans les médias, il semble que ce soit souvent pour parler des défis qui attendent ce secteur et des investissements que ceux-ci exigent. Avez-vous la même impression ?
Elena Bonfiglioli : ”C’est vrai. L’Europe se prépare au phénomène du vieillissement de la population et investit massivement dans les hôpitaux. Nous sommes également confrontés à une infrastructure hospitalière et à une technologie vieillissante. En Europe, l’âge moyen d’un hôpital est de 33 ans. Les pays scandinaves, comme la Suède, la Norvège et la Finlande, sont nettement en avance sur nous dans ce domaine.
Le Danemark investit 4,5 milliards d’euros dans de nouveaux hôpitaux, de l’équipement et de la technologie. Un laboratoire est ainsi chargé de tester les technologies d’avenir pour le secteur des soins de santé : ça va des robots qui nettoient les chambres pour éviter les infections, jusqu’au lit intelligent qui contrôle les fonctions vitales du patient. Toutes ces évolutions sont jugées sur base d’informations cliniques, mais aussi du feed-back des patients. Qui plus est, on note le besoin de conférer une autre fonction aux chambres d’hôpital. C’est pourquoi le caractère modulaire intervient également dans l’évaluation.”
Les économies sont-elles une donnée importante dans les soins de santé ?
“En partie. Les budgets publics sont sous pression. En moyenne, en Europe, 30 % à 40 % du budget réservé aux soins de santé est alloué aux hôpitaux. Ces dernières années, le secteur a fait l’objet d’une centralisation et d’une consolidation en Europe. Voici quelques années encore, un territoire ou une commune comptait cinq hôpitaux : ceux-ci ne sont plus qu’au nombre de trois.
Il va falloir investir de manière intelligente. Lors de la construction de nouveaux hôpitaux, il faudra notamment tenir compte de l’efficacité en matière de coûts et d’énergie. Pour autant, il ne s’agit pas seulement d’économies de coûts. À l’avenir, je vois le rôle des hôpitaux évoluer vers une sorte de hub au sein d’un réseau de médecins, de spécialistes externes ou d’entreprises publiques. La prestation de services ne s’arrêtera pas devant la porte de l’hôpital.
Le plus grand réseau d’hôpitaux est actuellement parisien : leur projet-pilote Hospitalisation à la Maison repose sur un retour rapide au domicile, conditionné à un suivi strict et continu du patient chez lui. Les soins au patient se poursuivent au domicile grâce à l’utilisation d’appareils mobiles et de solutions cloud.
Conséquence ? De meilleurs résultats, car les patients ont moins de risques d’infection et peuvent guérir dans un environnement qui leur est familier. La Belgique se dirige vers un concept identique. Le Grand Hôpital de Charleroi participe avec la Ville à un projet collaboratif qui s’avère également un facteur de développement économique dans la région.”
Les hôpitaux sont appelés à collaborer davantage. La nature de leurs tâches change-t-elle pour autant ?
“Absolument. L’hôpital de demain guérira ses patients mais misera également sur la prévention. En suivant les patients à leur domicile, il est notamment possible de réagir plus rapidement à d’éventuels soucis de santé. L’innovation, l’engagement et la collaboration gagnent également en importance. Les hôpitaux doivent collaborer entre eux, mais aussi avec les entreprises (qui les aident à rendre le séjour le plus agréable possible) et avec les patients eux-mêmes, dont les attentes ont elles aussi pris de l’ampleur. L’hôpital de l’avenir doit donc assurer un ensemble de tâches plus vaste et plus intégré.
Compte tenu de cet élargissement des missions de l’hôpital, de la guérison aux soins de santé préventifs et même prévisionnels, le rôle de soutien joué par la technologie se révèle crucial.”
Comment la technologie peut-elle renforcer les hôpitaux ?
« La technologie peut contribuer à une meilleure coordination de la prestation de soins. Je pense notamment aux manières d’obtenir rapidement accès à l’ensemble des données. Et ce, bien sûr, de façon sécurisée, dans le respect de la vie privée du patient. Reste qu’un meilleur partage des informations permet d’en apprendre davantage sur les personnes avec qui vous collaborez. Par exemple dans des situations où plusieurs équipes multidisciplinaires doivent intervenir.
Une étude de l’IDC a démontré que, lors du passage de relais entre médecins ou personnel infirmier, entre deux pauses notamment, de nombreux problèmes de communication peuvent se poser. Si le flux d’information et de travail est traité en profondeur, et que la manière de travailler et les processus opérationnels sont améliorés, il est possible d’épargner jusqu’à 70 % des coûts. C’est énorme. Qui plus est, le nombre d’erreurs est réduit et la qualité, accrue.
Un autre facteur important est ce que j’appelle la « décomposition de données par leur analyse ». Si vous passez au crible le flux de patients, par exemple, vous pouvez organiser plus efficacement vos visites et réduire vos délais d’attente. Les médecins traitent ainsi davantage de patients en une seule journée, ou passent plus de temps avec eux. La qualité du service s’en voit naturellement augmentée.
La décomposition de données couvre également les possibilités d’obtenir des informations à un stade précoce en fonction des affections. Les patients ont la possibilité d’être suivis de manière préventive grâce à la technologie. Des signaux peuvent être émis dès que les valeurs excèdent des normes établies. Je pense ici à un hôpital portugais qui enregistre des données et les suit 24 heures avant que le patient soit admis en soins intensifs. De cette manière, on épargne des coûts et on sauve des vies humaines.
Dans l’obtention d’informations également, la vitesse a son importance. Je me souviens d’un hôpital norvégien qui était parvenu à réduire sensiblement le délai de reporting, de deux semaines à une journée, voire une demi-journée. Uniquement en introduisant des applications pour l’analyse de données.”
À quoi ressemble la chambre d’hôpital de demain ? Et quelles en sont les conséquences pour le patient ?
“Tout comme nos maisons, l’apparence et la fonction de la chambre d’hôpital évoluent. La technologie est déterminante à cet égard, tant dans un contexte médical que pour les attentes du patient en matière d’infotainment. À court terme, de nombreux hôpitaux doivent s’y préparer. Plusieurs centres de soins le font déjà, comme le Grand Hôpital de Charleroi.”
À quels changements faut-il s’attendre ?
“Imaginez : le médecin ou l’infirmier entre dans la chambre d’hôpital et utilise sa smartcard, basée sur la technologie RFID sans fil, pour consulter le dossier du patient sur écran. Il porte des gants afin d’utiliser ces écrans tactiles tout en satisfaisant aux normes d’hygiène. Toutes les informations médicales apparaissent aussitôt. Puis le patient consulte son propre agenda sur ce même écran, et sait de cette manière quels examens et exercices de revalidation sont prévus ce jour-là.
Évidemment, toutes les données sont conservées de façon sécurisée, grâce à des applications telles qu’Office 365 et SharePoint. Lorsque les informations sont sauvegardées dans le cloud sécurisé, leur transmission s’avère très aisée au cas où un patient est transféré dans un autre hôpital. La collaboration et la communication entre sites sont facilitées. Le personnel de l’hôpital, le spécialiste externe et le kinésithérapeute échangent les uns avec les autres. Quant au patient, il peut converser avec les membres de sa famille via Skype à partir de sa chambre d’hôpital.”
Qu’en est-il des tendances IT actuelles, telles que le mobile et le cloud ? Ont-elles leur place dans ce nouveau paysage ?
“Certainement, et à plus forte raison le mobile. Chaque médecin jongle aujourd’hui avec 2,7 appareils mobiles, en plus de l’équipement médical qu’il utilise. Cela signifie qu’il doit souvent se déconnecter et se reconnecter, ce qui lui fait perdre un temps précieux. Si ce processus est automatisé, le professionnel gagnera jusqu’à 20 minutes par jour. Un médecin devant réaliser 25 visites quotidiennes peut dès lors en ajouter deux à son planning. En outre, les appareils mobiles aident les patients à suivre leur propre état de santé. Un hôpital de Miami offre déjà cette possibilité aux diabétiques.
Au Royaume-Uni, on emploie des solutions Big Data afin d’analyser en temps réel les symptômes de patients aux urgences. Les médecins ont ainsi évité une épidémie de méningite grâce aux informations disponibles.
Le cloud est une autre tendance majeure, surtout en tant qu’infrastructure sous-jacente. Grâce à la technologie cloud, les hôpitaux et leurs collaborateurs exploitent une capacité presque illimitée de sauvegarde et de puissance informatique. Ce qui représente une différence de taille en termes de coûts et de gain de temps.”
Microsoft occupe une position majeure dans le monde de l’entreprise, et accorde une vive attention à un secteur d’activités tel que celui des soins de santé.
L’ambition de Microsoft ? Faire en sorte que les soins de santé, les hôpitaux, les pouvoirs publics et les patients réalisent davantage et fassent glisser l’offre du traitement vers la prévention, une meilleure collaboration et des soins personnalisés. Les soins de santé comptent parmi les secteurs les moins informatisés. Pourtant, avec les possibilités mobiles et cloud actuelles et un vaste écosystème local et mondial d’innovateurs dans les soins de santé, cet objectif s’avère plus atteignable que jamais.
L’offre de Microsoft dans les soins de santé couvre des domaines très variés, avec notamment des solutions cloud spécifiques. L’entreprise propose des applications autour de la business intelligence ou l’analyse de données, ainsi que des applications liées à la collaboration. Elle est également active dans le domaine des appareils mobiles comme les smartphones et les tablettes, souvent utilisés dans les hôpitaux.
Cet engagement dépasse d’ailleurs les produits et services commercialisés par l’entreprise. Un exemple ? Bill Crounse, senior director Health chez Microsoft, s’exprimera sur l’avenir du secteur dans le cadre de la conférence HIMSS à Chicago, la plus importante conférence IT consacrée aux soins de santé. Bill Crounse, lui-même médecin, travaille aujourd’hui pour Microsoft.