Volvo utilise l’IA pour aider à garder les yeux sur la route
La distraction est l’une des principales causes d’accidents de la route. Volvo s’est associé à Microsoft pour mieux comprendre l’attention et l’émotion des conducteurs à l’aide de l’IA.
Myriam Broeders
Chief Technology Officer
L’intelligence artificielle (AI) peut analyser des données de patients en temps réel, pour que les médecins puissent suivre et comparer facilement les résultats d’opérations. « Nous pouvons désormais avec l’aide de l’AI identifier des groupes de patients et objectiver les résultats de différents traitements. Ainsi, nous pouvons évaluer ce qui fonctionne bien au niveau de nos soins et ce qui peut être amélioré, également par comparaison avec d’autres centres de cardiologie. »
La science médicale fait des progrès et les médecins sont capables de toujours faire plus. C’est ainsi que les implantations d’une valve cardiaque via l’aine (remplacement valvulaire percutané/TAVI) sont en plein essor ces dernières années, parce que la période de convalescence qui suit serait plus courte et l’intervention moins lourde pour le patient. Mais ces nouvelles méthodes coûteuses connaissent-elles en pratique le même succès que celui que leur prêtent les études scientifiques ? Et ces techniques innovantes ont-elles pour effet de réduire la mortalité ? Les résultats sont-ils aussi bons dans un hôpital que dans l’autre ?
« De telles informations sont cruciales pour tous les membres de notre équipe multidisciplinaire de médecins, soignants et paramédicaux, elles nous permettent d’améliorer toujours plus la qualité de nos soins », explique le Docteur Karl Dujardin, cardiologue à l’hôpital général Delta de Roulers.
Même si ces questions semblent simples, il était quasiment impossible jusqu’à récemment d’y répondre, poursuit-il. Ses confrères et lui tenaient évidemment les dossiers de leurs patients à jour, mais il manquait une vision d’ensemble.
Lorsque le Docteur Dujardin et son équipe voulaient connaître l’âge moyen de leurs patients ou le taux d’interventions réussies, ils devaient saisir à la main dans Excel des informations tirées de dossiers en vrac. « Cela prenait énormément de temps et nous ne pouvions comparer qu’un seul aspect à la fois. »
Le Docteur Dujardin parle au passé, car depuis que son service utilise le logiciel médical intelligent de Lynxcare, il peut consulter à tout moment les statistiques de toutes ses interventions : opérations réussies, taux de mortalité, âge moyen des patients, état des patients avant et après l’intervention.
La start-up médicale Lynxcare implantée à Louvain a développé à cet effet une méthode d’extraction de données (Clinical Natural Language Processing & Machine Learning). Le logiciel opère dans l’environnement cloud de Microsoft Azure, dans lequel les données de santé peuvent être traitées en toute sécurité et dans le respect total de la confidentialité, et consultées par les médecins. En outre, l’application s’intègre parfaitement dans le concept du dossier électronique des patients, qui sera implémenté prochainement à l’échelle de l’hôpital général Delta.
La technologie de Lynxcare peut lire et coder automatiquement d’anciens rapports d’opération, d’observation et de consultation. Toutes ces informations sont stockées dans une base de données qui est actualisée en temps réel, précise le Docteur Dujardin assis à son bureau dans sa salle de consultation au service de cardiologie. Il a pris comme base les critères d’une importante étude néerlandaise réalisée sur les opérations de remplacement valvulaire, pour que les données de l’hôpital général Delta puissent être comparées aux statistiques des centres de cardiologie néerlandais. En effet, un tel benchmark intégré n’existe pas en Flandre.
Le Docteur Dujardin fait partie d’une équipe multidisciplinaire de chirurgiens cardiaques, de cardiologues et d’anesthésistes en chirurgie cardiaque, qui s’occupe de patients souffrant de troubles des valves cardiaques. L’équipe a une expertise particulière dans le domaine du traitement de la valve cardiaque malade, une nouvelle valve étant introduite dans l’aine via un cathéter. « L’ancienne valve défaillante est en fait repoussée par la nouvelle », explique-t-il.
Le cardiologue a fait lire et traiter par le logiciel tous les documents des patients qui ont reçu une nouvelle valve aortique au cours des sept dernières années. Dujardin : « Ce système peut aller chercher des informations à partir de scans et peut les traiter directement dans un modèle analytique. C’est incroyable, non ? Cela permet de gagner énormément de temps. Car en tant que médecins, nous pouvons désormais commencer tout de suite l’analyse statistique ».
Le Docteur Dujardin a ainsi un bien meilleur aperçu des risques des différentes interventions. Il sait désormais précisément dans combien de cas des complications sont survenues, si ces dernières se sont produites peu après l’opération ou seulement des années plus tard. Mais aussi combien de ses patients généralement très âgés sont encore en vie après cinq ou sept ans grâce à son intervention. Et quel est leur état de santé.
« Avec l’application de Lynxcare, nous collectons des informations sur la pose d’indication, le traitement et le suivi, qui sont essentielles pour améliorer notre action clinique », souligne le Docteur Dujardin. « Une telle systématique de mesure et d’amélioration permanente constitue la base d’une grande qualité de soins, qui est la priorité stratégique de l’hôpital général Delta. »
Et l’intelligence artificielle de Lynxcare offre encore plus de possibilités au cardiologue. Il peut voir désormais en un clin d’œil comment un groupe de patients ayant des caractéristiques très spécifiques subit avec succès une intervention. Dujardin : « Une des connaissances que nous pouvons désormais prouver est que plus le patient est âgé, plus le risque chirurgical est grand. »
Une perspective importante, car le remplacement de la valve aortique via l’aine n’est disponible actuellement que pour des patients qui ne se prêtent pas à une opération. « Ces données nous donnent des arguments pour engager une concertation avec les caisses d’assurance-maladie à propos des conditions de remboursement de cette intervention coûteuse. En effet, l’opération via l’aine pourrait potentiellement prolonger et améliorer la vie d’un groupe important de patients – par exemple ceux présentant un risque moyen, qui ont déjà subi antérieurement une opération du cœur. »
De cette dernière catégorie de patients, près de dix pour cent décèdent dans les années suivant l’opération à cœur ouvert. « Au final, la question est de savoir si les patients présentant un risque opératoire moyen auraient de meilleures chances de survie avec un remplacement de la valve aortique via l’aine. Avec l’aide de l’AI, nous pouvons désormais identifier un groupe de patients sur lequel nous pourrions le tester. »
De tels enseignements sont de la plus haute importance, étant donné que l’être humain vit de plus en plus longtemps et que, par conséquent, le nombre de personnes souffrant d’un rétrécissement de la valve aortique augmente. Il s’agit, en outre, de personnes âgées qui généralement souffrent encore d’autres maux, mais qui dans de nombreux cas peuvent après une telle opération continuer à vivre encore un certain nombre d’années dans de bonnes conditions, souligne le Docteur Dujardin. « Parce que le coût d’une opération est en même temps élevé, il est particulièrement important de bien évaluer les choses, de manière réaliste, sur la base de données pratiques fiables et actuelles. Nous ne sommes plus uniquement tributaires des enseignements tirés d’études scientifiques, mais nous pouvons désormais fonder nos décisions sur des données en temps réel approfondies et mûrement réfléchies. »
Au début, le Docteur Dujardin et son équipe ont dû vaincre quelques hésitations face à la mobilisation de l’intelligence artificielle, avoue-t-il. Cette technologie est-elle aussi précise qu’un médecin qui saisit des données ? C’est pourquoi ils ont procédé à un contrôle manuel sur un certain nombre de patients dont les dossiers avaient été lus par Lynxcare. « Tout correspondait parfaitement », conclut le cardiologue qui est entre-temps complètement convaincu.
Il est particulièrement satisfait d’avoir désormais la preuve noir sur blanc que les soins en cardiologie à l’hôpital général Delta sont aussi bons que ceux des centres de cardiologie néerlandais qui suivent des opérations avec les mêmes critères. « Nous pouvons dorénavant communiquer en toute transparence avec nos patients à ce propos. »